Vue générale du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) à Guba — Photo @Webuild_group.
Le GERD est plus qu’un projet d’infrastructure : il est devenu un symbole national de fierté et d’indépendance, souvent décrit comme la « renaissance » de l’Éthiopie. Son modèle de financement a donné aux Éthiopiens ordinaires une participation directe dans la réussite du barrage, renforçant son rôle d’accomplissement collectif.
Dossier de Aimable Twahirwa
Le financement des projets d’énergie verte en Afrique reste une énigme pour les acteurs du secteur privé et les décideurs politiques, même si le continent fait face à une pression croissante pour accélérer sa transition énergétique.
Réunis en marge de la deuxième édition du Forum du Partenariat Africain pour l’Investissement dans les Énergies Renouvelables (APRA 2025), qui s’est tenu du 20 au 23 octobre à Freetown, en Sierra Leone, un groupe d’experts en énergie a souligné la nécessité urgente d’établir des « systèmes organisés de projets énergétiques bancables » susceptibles d’attirer le financement des donateurs.
Leurs discussions ont également porté sur l’importance de mobiliser des financements mixtes et de tirer parti des minéraux stratégiques essentiels aux systèmes d’énergie renouvelable. Ces préoccupations reflètent la dynamique croissante sur le continent visant à débloquer des voies d’investissement viables et à accélérer la transition vers l’énergie verte en Afrique.
Les délégués ont déploré que le plus grand obstacle à ce jour soit la difficulté rencontrée par de nombreux pays africains pour élargir l’accès à l’énergie tout en atteignant les objectifs mondiaux de décarbonisation et en s’alignant sur les politiques industrielles vertes.
L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a averti que des initiatives telles que les parcs éoliens, les centrales solaires et les installations de biomasse exigent des investissements considérables pour concrétiser la transition énergétique tant attendue. À l’échelle mondiale, l’IRENA prévoit que la capacité en énergies renouvelables devra augmenter de 1 000 GW par an d’ici 2030 pour que l’objectif climatique de 1,5 °C reste atteignable.
Au niveau continental, le directeur général de l’IRENA, Francesco La Camera, a souligné l’urgence d’une action collective : le capital abordable doit permettre de réaliser des projets viables si l’Afrique veut surmonter les barrières financières persistantes. « Le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique nécessite des volumes bien plus importants de financement abordable », a-t-il déclaré lors de l’ouverture du forum.
L’APRA est une alliance internationale dirigée par des nations africaines déterminées à favoriser les énergies renouvelables et l’industrialisation verte. Elle compte parmi ses membres Djibouti, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, la Namibie, le Rwanda, la Sierra Leone, l’Ouganda et le Zimbabwe. Des partenaires tels que l’Allemagne, le Danemark, les Émirats arabes unis, les États-Unis et le Japon apportent leur expertise et un soutien financier.
Centrale solaire Gigawatt Global au village de jeunes Agahozo Shalom au Rwanda. Photo : Gigawatt Global.
Au Rwanda, les efforts pour étendre la production d’énergies renouvelables ont déjà porté leurs fruits. Le pays s’est fixé pour objectif d’approvisionner 60 % de son énergie dans les énergies renouvelables telles que l’hydroélectricité et le solaire d’ici 2030. Le ministre des Infrastructures, le Dr Jimmy Gasore, estime que ces efforts aideront le Rwanda à atteindre les Objectifs de Développement Durable en mettant fin à la pauvreté et aux inégalités. « Nous devons effectivement moderniser et rénover nos infrastructures afin de les adapter au nouveau système énergétique que nous créons », a-t-il déclaré à Mongabay.
Le Dr Kandeh Yumkella, chef de l’Initiative présidentielle de la Sierra Leone sur le changement climatique, les énergies renouvelables et la sécurité alimentaire (PI-CREF), et président du Groupe de coordination de la gouvernance énergétique en Afrique (EGCG), a déclaré que le travail de l’APRA permettra aux nations africaines de soutenir la transition verte. Lancée lors du Sommet africain sur le climat à Nairobi en septembre 2023, l’initiative vise à fournir des systèmes énergétiques plus propres et plus résilients à travers le continent.
L’IRENA estime que la demande énergétique de l’Afrique doublera d’ici 2040. Sans une transformation mondiale du secteur de l’énergie, l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris restera hors de portée. En 2018, seulement 20 % de l’électricité de l’Afrique provenait d’énergies renouvelables. En 2019, les deux tiers des nouvelles capacités électriques mondiales étaient renouvelables, mais l’Afrique ne représentait que 2 % de ces ajouts. « Ces actions nécessitent un financement accru et une collaboration nationale, régionale et internationale renforcée. » Le Dr Yumkella a déclaré à Mongabay.
Pour le Rwanda, les partenariats public-privé sont considérés comme essentiels. Serge Wilson Muhizi, directeur exécutif de « Energy Private Developers » (EPD), a souligné que de tels partenariats sont essentiels à la croissance économique à long terme, à la création d’emplois et à l’amélioration de l’accès à l’énergie. « Face à l’urgence climatique, les partenariats public-privé se distinguent comme une solution prometteuse pour accélérer le développement des énergies renouvelables au Rwanda ainsi qu’ailleurs en Afrique », a-t-il déclaré.
L’IRENA évalue le potentiel de l’Afrique en énergies renouvelables à 2,4 millions de TWh par an, soit 50 fois la demande mondiale prévue pour 2050. Pourtant, moins de 10 % de ce potentiel est actuellement exploité, entravé par des obstacles financiers, institutionnels et infrastructurels.
Un panel lors de la deuxième édition du Forum sur l’investissement dans les énergies renouvelables (APRA 2025), qui s’est tenu du 20 au 23 octobre 2025 à Freetown, en Sierra Leone. Image fournie par Aimable Twahirwa.
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